Demande de classement pour l'Hôtel de ville de Roubaix

Roubaix demande (enfin) le classement de son hôtel de ville

 

Depuis 2013, une procédure de classement de l’hôtel de ville est ouverte, au titre des Monuments historiques. La ville de Roubaix vient de lui donner un avis favorable, alors que se profilent d’importants travaux de rénovation d’une de ses ailes.



Inauguré en 1911, l’hôtel de ville de Roubaix possède une architecture singulière dans la région des beffrois.

 

Un article de Bruno Renoul, journaliste à la rédaction de Roubaix, publié le 23 octobre 2019 

 

Il aura donc fallu cinq ans à la municipalité pour se prononcer sur la protection de son hôtel de ville, héritage de la puissance textile de Roubaix. Pour ce que représente ce bâtiment dans son histoire, la ville a fini par se décider à demander son classement au titre des Monuments historiques.

 

Du moins en ce qui concerne ses parties déjà protégées par le premier degré de classement du patrimoine : les façades extérieures, la toiture, l’escalier d’honneur et sa verrière, ainsi qu’une flopée de salles prestigieuses et monumentales dont la salle Pierre-de-Roubaix et la salle du conseil, sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1998.

 

L’hôtel de ville est déjà reconnu "patrimoine du XXe siècle", ça a du sens que ce soit le deuxième bâtiment classé aux Monuments historiques.

 

 « L’hôtel de ville est déjà reconnu "patrimoine du XXe siècle", ça a du sens que ce soit le deuxième bâtiment classé aux Monuments historiques après l’église Saint-Joseph, car il est cher aux coeur des Roubaisiens, commente Wilfried Verna, le directeur général des services de la ville de Roubaix. L’idée est de le mettre en valeur tout en confortant les espaces déjà protégés. » L’avis favorable de la ville de Roubaix, qui vient d’être adressé à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), va permettre de relancer la procédure, qui était en sommeil depuis 2014.

 

Classement demandé en 2013

 

C’est un Roubaisien engagé pour la protection du patrimoine, Jean-Pierre Delahotte, qui a sollicité le classement de l’hôtel de ville, en août 2013. En janvier 2014, la DRAC a donné un premier avis favorable à la procédure, mais celle-ci ne pouvait pas aller plus loin sans l’accord écrit du propriétaire des lieux, à savoir la ville de Roubaix.

 

En 2015, celle-ci nous avait répondu ne pas avoir encore tranché la question. C’est désormais chose faite. Ce qui permettra au dossier de remonter à Paris  : la commission nationale du patrimoine et de l’architecture devra donner son avis, avant que la signature du classement soit proposée au ministre de la Culture.

 

Une œuvre de Victor Laloux inaugurée en 1911

 

D’abord confié à l’architecte local Ernest Thibeau, la réalisation d’un nouvel hôtel de ville à la hauteur de l’essor industriel de Roubaix est rapidement revenu à Victor Laloux, en raison de la maladie du premier nommé. Auteur à Tours de la basilique Saint-Martin, de la gare et de l’hôtel de ville, le Tourangeau est également le père de la gare d’Orsay, à Paris, qui est devenu depuis un musée.

 

Présenté en 1905, le projet a été financé grâce à un emprunt de six millions de francs. Il sera inauguré en 1911 par le maire de l’époque, Eugène Motte. Dans son discours inaugural, l’industriel eut cette phrase étonnamment inspirée quand on sait ce qu’il est advenu de la puissance roubaisienne : « Si, par malheur, la ville devait tomber en quenouille, il lui resterait ce témoin de la grande époque pour galvaniser les énergies vacillantes ! »

 

Le classement de l’hôtel de ville, à coup sûr, serait une façon de répondre, un peu plus d’un siècle plus tard, à cette citation quasi-prophétique.

 

D’importants travaux en prévision

 

Ce qui a décidé la ville de Roubaix à demander le classement de sa mairie, outre l’intérêt patrimonial du bâtiment, c’est peut-être la perspective des importants travaux qui se profilent dans son aile A, à savoir le bâtiment qui se situe à gauche lorsqu’on regarde la façade de l’hôtel de ville. Au dernier conseil municipal, la ville a lancé les études préparatoires à ce vaste chantier évalué à 3,67 millions d’euros. « C’est la fourchette haute », indique Wilfried Verna, le directeur général des services, qui estime que les études vont s’étaler sur « un an ou un an et demi ».

 

Ce qui est visé par cette rénovation, ce sont essentiellement les toitures et la charpente de cette aile qui subit régulièrement des infiltrations d’eau. « Il est temps de faire les travaux », juge le DGS. Avec un classement au titre des Monuments historiques, Roubaix peut espérer une subvention d’État plus importante qu’avec une simple inscription.