Pourquoi la reconversion de l’ex-Banque de France n’avance pas ?
Un article de Charles-Olivier Bourgeot, paru dans l'édition de Roubaix de la Voix du Nord, le mardi 17 janvier 2023.
La reconversion de l’ancienne Banque de France est complexe mais la ville n’a pas renoncé à son projet de Maison du Made in France. Photos Archives Thierry Thorel
Site essentiel à la redynamisation du centre de Roubaix, le bâtiment de l’ex-Banque de France, acquis en 2019, est en attente de reconversion. Un projet d’ensemble tarde à émerger. Explications.
L’immeuble de prestige de l’ancienne Banque de France est devenu, le temps du festival des cultures urbaines URBX, une vitrine pour Roubaix.
En accueillant 15 000 personnes pour l’exposition Banksy, ce bâtiment inoccupé depuis le départ de la Banque de France en 2016 a rappelé son incroyable potentiel à quelques mètres d’Eurotéléport. La redynamisation du centre-ville passe par sa reconversion et l’Établissement public foncier l’a acheté en 2019 à la demande de la ville de Roubaix. L’EPF entretient depuis ce bâtiment de 4 000 m 2 en attendant de voir émerger un projet. Trois ans plus tard, ce dernier n’a pas avancé.
On n’a pas fait avancer le projet comme on aurait aimé le faire. Mais on a renoncé à rien.
En 2020, l’équipe municipale de Guillaume Delbar lui avait pourtant dessiné un avenir dans son programme électoral. Créer dans l’ancienne Banque de France la Maison du « Made in France » et des produits fabriqués à Roubaix et les Hauts-de-France est même un projet phare du mandat. Interrogé par l’opposition municipale en conseil municipal du 15 décembre, le maire de Roubaix en a convenu : « Nous aurions souhaité que ce projet puisse émerger avant mais il ne vous a pas échappé qu’on était dans une période Covid où l’heure était plutôt à la fermeture et on n’a pas fait avancer le projet comme on aurait aimé le faire. Mais on a renoncé à rien. »
La prolongation de la convention de veille foncière et d’opportunité conclue avec l’EPF jusqu’au 21 novembre 2025 permet de gagner du temps. « On continue à penser que ce lieu a vocation à nous aider à rayonner et à faire quelque chose d’unique avec ce marché du Made in France, dit aussi le maire. Ce n’est pas exclusif, on est aussi en réflexion active pour voir comment on mixe activités marchandes et activités culturelles. »
Un blocage sur l'ancien Midas
Le dossier est toutefois complexe, car la ville a souhaité y inclure les friches voisines, Devianne et Midas. La première a été rapidement acquise par l’EPF. La deuxième coince toujours. Il y a eu le long épisode du squat et dépotoir à ciel ouvert résolu en juin dernier, mais il y a aussi la question de la dépollution des sols s’agissant d’une ancienne station-service.
À ce jour, il n’y a pas d’accord avec le propriétaire. « Tout cela retarde pas mal les choses, convient Arnaud Verspieren, conseiller municipal délégué à la reconversion des friches. Soit on arrive à trouver un terrain d’entente amiable avec lui et on achète le site, soit on enclenche une démarche d’expropriation. Si on exproprie, on en prend pour deux ans de plus. »
Un appel à projet pour l’ensemble
En complément de la Maison du Made in France à laquelle elle n’a pas renoncé, la municipalité souhaite un projet cohérent pour l’ensemble des trois sites. Elle a missionné un cabinet pour la rédaction d’un cahier des charges dans la perspective d’un appel à projets. En 2025, la ville n’a en tout cas ni le souhait, ni la vocation de devenir propriétaire du site.
D’ici là, la signature d’une convention de mise à disposition par l’EPF de l’ex-Banque de France simplifie son exploitation. Hormis l’exposition Banksy et quelques tournages de film, le bâtiment a été trop peu utilisé.
« On a les mains libres pour l’utiliser comme on le souhaite jusqu’en 2025. On n’exclut pas une utilisation temporaire, précise Arnaud Verspieren, élu en charge de l’action foncière.
Pourquoi pas une utilisation avec une ou plusieurs entreprises. Pourquoi pas une préfiguration ? On va pouvoir faire des expérimentations. »