Véronique Lenglet, membre de Métropole Label.le est allée à la rencontre de Marc Dubrul, propriétaire d'une maison de la courée Lepers. Quelques mots qui disent le plaisir d'habiter la courée et la détermination d'y rester !
Entretien avec Marc Dubrul, chez lui, courée Lepers, dimanche 4 juin 2023.
« Personne ne veut plus vivre dans une courée ? C’est faux ! »
VL : Depuis combien de temps habites-tu dans cette maison ? En es-tu propriétaire ?
MD : J’y vis depuis 2014. Je l’ai achetée à un couple de personnes âgées retraitées.
VL : Es-tu satisfait de ta maison et de son environnement ? Comment qualifierais-tu la vie dans la courée Lepers ? En quoi, pourquoi y es-tu attaché ?
MD : Très satisfait ! Je suis un habitué du restaurant voisin l’Univers.
Un jour j’ai découvert que la maison était à vendre. J’étais en liste d’attente pour aller habiter à « l’os à moëlle ». Pour moi, il n’y avait pas photo : j’ai acheté. Ici, dans la courée Lepers, l’ambiance est conviviale, sympa, calme. Je connais mes voisins.
Quand les gens étaient plus jeunes, on organisait des barbecues. C’était plus vivant. Aujourd’hui, les voisins sont âgés et plus casaniers.
Les gens, pour moitié propriétaires et locataires, sont là depuis longtemps, essentiellement des Portugais. En tout, il y a dix foyers. Tous les propriétaires veulent rester ici.
En ce moment, trois maisons sont à louer.
VL : Quel regard portes-tu sur l’importance patrimoniale de la courée Lepers ?
MD : La courée Lepers est belle, c’est bien que les pierres aient une histoire. Les gens ont leur petite maison en ville. Ici j’ai l’impression d’être à la fois à la campagne et à la ville !
VL : Que penses-tu du projet de démolition sur la courée Lepers et ses voisines ? En connais-tu les raisons ?
MD : La raison, c’est la gentryfication. Pour la mairie il n’y a pas que les logements qui sont insalubres, mais aussi les gens ! Tout ici est rénovable.
VL : Envisages-tu une action ? Si oui, laquelle ?
MD : Oui ! Une action pour faire un collectif avec les habitants de Lepers. Tout le monde est informé des projets de démolition. Au début, tout le monde ne voulait pas y croire. Ma préoccupation est qu’il manque de logements sociaux en France.
A Roubaix, il y a de la place pour en construire, il y a de la place pour les infrastructures, il y a plus de travail dans les métropoles. Pourquoi en chasser les gens ? C’est ici qu’on peut trouver du boulot, grâce aux transports en commun. C’est une aberration. Et avec le réchauffement climatique, il risque d’y avoir des réfugiés en plus.
On envisage de s’allier avec les habitants des autres courées et des immeubles de l’Epeule. Il y aura des recours juridiques collectifs.
J’envisage aussi des actions culturelles pour faire connaître la courée Lepers, type spectacle en créant, renouant du lien social. Pourquoi pas aux Journées du Patrimoine ?
VL : Quel message souhaites-tu faire passer, sachant que notre entretien sera repris sur le blog de Métropole Label.le et peut-être plus largement ? Et enfin, que dis-tu à ceux qui affirment : « Personne ne veut plus vivre dans une cour » ?
MD : Les habitants qui sont ici veulent rester ! La cour est en bon état.
L’avantage, c’est la vie collective et on a son chez soi. On y est mieux qu’en appartement, c’est insonorisé avec de la bonne brique. C’est bien foutu. Pour ceux qui ont un jardin, (il y en a, c’est encore mieux).
L’affirmation « Personne ne veut plus vivre aujourd’hui dans une courée est fausse ! »