L'Hôtel particulier Lefebvre-Ducatteau

Ankama veut aménager un musée des arts numériques, dédié à l'univers qu'elle a créé depuis vingt ans, dans cet hôtel particulier datant du début du XXème siècle.


L'Hôtel Lefebvre-Ducatteau, puis collège Saint Benoît

Un article de Bruno Renoul dans la Voix du Nord (édition de Roubaix) le dimanche 29 janvier 2023 avec des photos de Pierre Le Masson et Thierry Thorel.

 

Le studio d’animation Ankama, basé à Roubaix, est sur les rangs pour racheter l’ancien collège Saint-Benoît, vide depuis 2010. Ses dirigeants ambitionnent d’y créer un musée des arts numériques. 

 

C’est un projet aussi ambitieux que prometteur, auquel les deux patrons d’Ankama, Anthony Roux et Camille Chafer, songent depuis des années : créer à Roubaix un musée des arts numériques, qui plongerait les fans dans l’univers des jeux vidéos, des livres, des séries et des films que la société d’animation produit depuis 2001. « Ma référence, c’est le musée Ghibli, au Japon », confie Anthony Roux, évoquant ce parc situé près de Tokyo, qui emmène les visiteurs dans les coulisses de réalisations aussi célèbres que « Le Voyage de Chihiro » ou « Princesse Mononoké ».



L'intérieur de l'hôtel particulier possède un cachet impressionnant. 

  

Anthony Roux : Des expositions temporaires ou des projets ponctuels.

 

« On pourrait montrer tout ce qu’on a fait en vingt ans dans différents domaines, mais aussi mettre en place des expositions temporaires sur des artistes ou des projets ponctuels, ça pourrait aussi avoir une valeur explicative de notre travail », poursuit Anthony Roux. Ce dernier a une idée très précise de l’endroit où il voudrait aménager ce musée : l’ancien collège Saint-Benoît de Roubaix, situé à quelques encablures du siège roubaisien d’Ankama, au nº 116 du boulevard d’Armentières.



L'intérieur de l'hôtel particulier possède un cachet impressionnant. 

 

Vide depuis 2010, et la fermeture de l’établissement privé, ce somptueux hôtel particulier bâti au début du XXème siècle pour le compte de la famille d’industriels du textile Lefebvre-Ducatteau se dégrade à vue d’œil. Il conserve toutefois un cachet incroyable, et avec ses 630 m² de surface et 2 200 m² de terrain, il pourrait constituer un écrin de rêve pour le projet d’Ankama.

 

La mérule pourrait compliquer le projet.

 

Ça tombe bien : la ville de Roubaix, qui est propriétaire des lieux, a résolu de le lui céder. Deux délibérations ont même été votées en ce sens, à l’été 2021 puis en décembre dernier. Prix d’achat fixé par les Domaines : 685 000 euros.


Mais rien n’est encore définitif. Les dirigeants d’Ankama ont été informés que le bien serait infecté par la mérule, ce qui ferait mécaniquement grimper le coût global du projet. Celui-ci implique en effet de restaurer la bâtisse de fond en comble, et d’investir dans son réaménagement, ce qui pourrait coûter cher, peut-être autour de 2 millions d’euros. 


« Ce serait normal que la ville prenne en charge le traitement de la mérule ou diminue le prix de vente », estime Anthony Roux. Il estime qu’un tel musée ne pourrait voir le jour que trois ou quatre ans après l’acquisition réelle de l’ancien collège Saint-Benoît. Il faudra attendre un peu avant de pouvoir s’immerger dans l’univers de Dofus et Wakfu.

 

Anthony Roux attend de voir pour y croire

 


Sur le modèle du musée Ghibli, au Japon, un musée Ankama permettrait de plonger dans l'univers du studio d'animation roubaisien.


Anthony Roux est prudent sur la conclusion de ce projet. Il dit lorgner cette demeure d’exception depuis plus de dix ans et regrette le temps que l’affaire a mis à avancer, ce qui a favorisé la détérioration de cet hôtel particulier. Le patron d’Ankama se dit en effet autant animé par son projet que par la sauvegarde du patrimoine roubaisien.


« Ça me fait mal au cœur de voir toutes ces anciennes demeures vides ou découpées en appartement. Quand il y a des gens qui sont intéressés et qui ont les moyens d’agir, ce serait bien de les aider. »


Aujourd’hui, il évite donc de trop se projeter sur la réalisation concrète de son rêve de musée. Comme Saint-Thomas, il préfère attendre de voir pour croire.