Un article de Bruno Renoul dans la Voix du Nord
Une manifestation, en juin 2023, contre le projet de démolir des courées de l’Épeule. Photo Thierry Thorel
L’ONG culturelle Europa Nostra a placé les courées de Roubaix dans sa présélection 2024 pour le programme des sept sites patrimoniaux les plus menacés du Vieux Continent.
Les courées de Roubaix-Tourcoing constituent l’un des rares exemples de ce type d’architecture en Europe.
Voici qui va apporter de l’eau au moulin des contempteurs du plan de rénovation urbaine de Roubaix. Une ONG européenne, Europa Nostra, vient d’inclure dans sa présélection du programme des sept sites patrimoniaux les plus menacés d’Europe les courées de Roubaix, dont certaines doivent être démolies dans les quartiers du Pile et de l’Épeule.
UNE PRÉSÉLECTION DE ONZE SITES EUROPÉENS
« Construites derrière des maisons en front à rue continu, ces impasses étroites composées de rangs de petites maisons ont créé une morphologie particulière reflétant la réalité de la vie ouvrière. Les courées de Roubaix-Tourcoing constituent l’un des rares exemples de ce type d’architecture en Europe », écrit Europa Nostra dans son argumentaire, dans lequel cette fédération d’ONG actives dans le domaine patrimonial pointe du doigt le fait qu’elles sont aujourd’hui « mises en danger par la volonté de la municipalité de les démolir dans le cadre d’un nouveau programme de rénovation urbaine. Les politiques locales ont récemment changé : d’un souci de protection on est passé à une volonté d’expropriation de ces petits logements ».
C’est l’association locale Métropole Label.le, qui dénonce régulièrement la manière dont Roubaix gère son patrimoine, qui a déposé la candidature des courées au programme des 7 sites les plus menacés 2024. Deux ONG française et belge ont appuyé ce choix. Onze sites européens ont été présélectionnés, en Belgique, en Albanie, en Grèce, en Pologne ou en Italie.
Cinq courées de l’Épeule (Blasin, Heuls, Lepers, Govaere et Senelar), ainsi que la Cité Flipo, au Pile, doivent être rasées dans le cadre du Nouveau programme de rénovation urbaine (NPNRU), un projet déjà acté par les autorités, mais toujours contesté par des habitants, et les défenseurs du patrimoine.
La municipalité, elle, justifie ce choix tantôt par la volonté de dégager une ouverture sur le site Roussel, tantôt par la nécessité de régler « une question d’habitat ancien dégradé » et de requalifier la rue de l’Épeule.